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Independent cassette label operating between France and Japan, your provider of obscure electronics, paranormal peaks, and outernational hits.
Experimental, no-fi pop, psych, ambient, drone, improvised music and field recordings, collage, calligraphy, and writings

Zizi - comic strip story

Story written for the ZIZI album "cosmic strip", released on Standard in-fi

(original french text below english)


We figured we had hit Jackpot when the hinges finally broke under the repeated assaults of the crowbar, and the lab door creaked open in a cloud of dust.  There were machines alright, not much that wasn’t one, or part of one, or controlled by one. But dust? It was a rare thing to come by these days. Once the nanochips decided there was no clear mathematical value to dust, the world quickly became a smooth ball of lifeless plastic, endlessly crushed, melted and recycled, replacing flesh, wood, fabric, even metal  after a while. We made our way through piles of antiquated devices, parts, and layers upon layers of various dirts, laughing madly as we smeared our immaculate uniforms, stomping, rolling, inhaling the fine particles of the dying organic world. After some frantic browsing, something caught our eye, coated in a thick pelt of grime that came off in a fog as it went from hand to hand: a bundle of actual paper, dog-eared, crumpled, coffee-stained -remember coffee? me neither- a notebook of some sort, text, sketch, comic book, map, journal, manual, bible, entitled “The reverse transmorpher, humanity’s last hope for an unclean future”. Perusing the fatigued pages lead us to the over-sized  booth in the farthest corner of the lab, surrounded by a variety of random materials. This was an old model, prototype maybe, but we knew it inside out and hadn’t time to waste. In a half-assed, half-hearted pang of regret, humans had realized they weren’t much without organic matter, and paradoxically needed a machine to turn back the tide of apocalyptic progress. The way it worked was that you put stuff into it and it came back out as a more primitive version of itself: metal came out as rock, glass as sand, plastic as a gooey mess. The electronic brain behind the process worked in ways no human knew, as it had itself been designed by machines, and it was against the law to tamper with it, which was precisely what we were doing. Hacking in took days and involved copious amounts of brute force and profanities, flipping her circuits and corrupting her database; so when time came to test it, we were wild-eyed and sore as we shoved a power-drill in. The Transmorpher took longer than normal to reverse it, and when we opened it, out came a heap of random rubbish: wood chips, gravel, snake skin, nuts and bolts, half a trumpet, and all kinds of multicolored gelatinous muck. We screamed in ecstatic unison and had another go, putting in power tools, clothes, computers, whatever we could put our hands on and stuff inside the machine, which clearly had the time of her life and a lot of trouble processing all the junk, gradually spewing out the weirdest, most abstract matter she could come up with. Zebra cowboy pants, purple pickle parachute, spotted dick, a bouncy castle made of melted cheddar , molecules of hillbilly jazz , artificial chest hair, a miniature Golden Gate bridge, pure mercury bubbles, a solid bronze cheeseburger, transparent grasshoppers,  Braille pornographic material,  and zillions of cubic meters of dust, as if a  giant mouth had suddenly blown on the great big gap behind the cosmic furniture, right where the machines had forgotten to look. We knew it was a matter of hours before they figured us out, but until then we at least would wallow once more in the crucial muck that had borne us and would soon see us off too. What next? I don’t know baby, but this is  one hell of a sunset.



Il devint clair que nous avions atteint notre but lorsque les gonds cédèrent sous les assauts répétés de la barre a mine, et que la porte du laboratoire s’ouvrit en grincant dans un nuage de poussière. Il y avait bien entendu des machines, plus grand-chose n’en était pas une, ou en partie une, ou controllé par l’une d’elle. La poussière en revanche était devenue une rareté. Des lors que les nanopuces eurent decidé que la crasse n’avait aucune valeur mathématique, le monde était rapidement devenu une boule de plastique sans vie, broyé, fondu et recyclé sans fin, remplacant chair, bois, tissu, même le métal au bout d’un moment. Nous nous frayames un chemin entre des piles d’engins obsolètes, de composants, et couche apres couche de diverses poussières, riant follement alors que nous maculions nos uniformes impeccables, piétinant, roulant, respirant les fines particules du monde organique moribond.  Après une fouille acharnée, un objet attira notre attention, enveloppé d’une épaisse couche de crasse qui se dispersa alors qu’il passait de main en main: une liasse de véritable papier, corné, froissé, tache de café – Vous rappellez-vous du café? Moi non plus – une sorte de livret, cahier, carnet, bande-dessinée, atlas, journal, manuel, bible, intitulé “ l’invertransmorpheur, derniere chance pour un futur impropre “.  Les pages fatiguées nous guidèrent vers une immense cabine a l’autre bout du labo, entourée d’une pléthore de matériaux aléatoires. Il s’agissait d’un vieux modèle, un prototype peut-être, mais nous connaissions la machine dans tous ses détails et il n’y avait pas de temps a perdre. Les humains, dans un pitoyable sursaut de regret, avaient conclu qu’ils ne valaient pas grand-chose sans matière organique, et avaient paradoxalement besoin d’une machine afin d’echapper a la marée apocalyptique du progrès.

Son utilisation était simple, on placait quelquechose dans la machine, qui le retournait a une forme antèrieure: le métal redevenait roches, le verre sable, et le plastique une étrange purée gluante. Nul ne connaissait le fonctionnement du cerveau électronique qui controllait la machine, car elle-même avait été concue par des machines, et il était formellement interdit de perturber son fonctionnement, ce que nous nous appretions précisement a faire. Il nous prit des jours entiers pour pénétrer le système, et une quantité libérale de force brute et d’obscenités; nous étions fourbus et fous quand vint le moment du premier essai sur une perceuse électrique. Il fallut a l’invertransmorpheur un temps anormalement long pour inverser l’objet, et lorsque nous l’ouvrimes enfin, la machine vomit un flot de détritus sans queue ni tête: des copeaux de bois, des graviers, de la peau de serpent, des boulons et écrous, une demi trompette, et toutes sortes de boues multicolores. Nos cris d’ecstase resonnèrent a l’unisson avant de passer aux tests suivants, outils électriques, vêtements, ordinateurs, tout ce qui nous tombait sous la main remplit tour a tour la machine, qui prenait clairement son pied, tout en ayant grand mal a digérer tous ces trucs, recrachant des matières de plus en plus étranges et abstraites. Des guètres en peau de zebre, des cordes de cornichons cophropages, des betises de Cambrai, un chateau gonflable en beaufort fondu, des molécules de jazz auvergnat, du poil de torse artificiel, un modèle réduit du Golden Gate bridge, des bulles de mercure pure, un cheeseburger en bronze, des sauterelles transparentes, de la pornographie en Braille, et des zillions de mètres cube de poussière, comme si une bouche géante avait soudainement soufflé sur le vide béant derrière le meuble  cosmique, la ou les machines avaient oublié de regarder. Nous savions que ce n’était qu’une question d’heures avant qu’elles ne nous prennent, mais avant ca en tous cas, nous aurons au moins pu nous baigner dans cette boue cruciale qui nous avait engendré avant de nous y dissoudre. Et ensuite? j’en sais rien mon pote, mais on va se payer un sacré coucher de soleil.